Oran, deuxième plus grande ville d’Algérie, fascine par son histoire riche, sa culture vibrante et son charme méditerranéen. Surnommée « El Bahia » (la radieuse), cette cité portuaire millénaire séduit les visiteurs par son mélange unique d’influences berbères, arabes, espagnoles et françaises. Découvrons ensemble les multiples facettes de cette métropole dynamique de l’ouest algérien, berceau du raï et ville natale d’illustres personnalités.
Une histoire mouvementée entre Orient et Occident
L’histoire d’Oran remonte à la nuit des temps. Des vestiges préhistoriques attestent d’une présence humaine ancienne dans la région. Mais c’est au 10e siècle que la ville prend véritablement son essor, avec sa fondation officielle en 902 par des marins andalous. S’ensuit une succession de dominations qui vont façonner l’identité plurielle d’Oran :
- 902-1509 : Période arabo-berbère sous diverses dynasties (Almoravides, Almohades, Zianides)
- 1509-1708 : Première occupation espagnole
- 1708-1732 : Intermède ottoman
- 1732-1792 : Seconde occupation espagnole
- 1792-1831 : Nouvelle période ottomane
- 1831-1962 : Colonisation française
- Depuis 1962 : Indépendance algérienne
Ce riche passé se reflète dans le patrimoine architectural éclectique de la ville, où se côtoient mosquées, églises, forts et bâtiments coloniaux. Parmi les monuments emblématiques, citons :
- Le fort de Santa Cruz (16e siècle), surplombant la baie
- La mosquée du Pacha (18e siècle), chef d’œuvre de l’art ottoman
- La cathédrale du Sacré-Cœur (début 20e siècle), convertie en bibliothèque
- Le théâtre régional d’Oran (1907), de style néo-baroque
Une métropole en plein essor économique
Aujourd’hui, Oran s’affirme comme un pôle économique majeur de l’Algérie. Son port, l’un des plus importants du pays, joue un rôle crucial dans les échanges commerciaux. La ville a connu un développement spectaculaire ces dernières décennies, avec la création de nouvelles zones industrielles et l’essor du secteur tertiaire.
Les secteurs clés de l’économie oranaise
| Secteur | Activités principales |
|---|---|
| Industrie | Pétrochimie, sidérurgie, agroalimentaire, matériaux de construction |
| Services | Finance, commerce, tourisme, éducation |
| Agriculture | Viticulture, agrumes, maraîchage |
| Pêche | Poissons, crustacés, aquaculture |
Le complexe pétrochimique d’Arzew, situé à 40 km d’Oran, constitue un pôle industriel stratégique pour l’Algérie. Il abrite notamment d’importantes installations de liquéfaction de gaz naturel et de raffinage de pétrole.
La ville mise également sur le développement de secteurs innovants comme les énergies renouvelables et les technologies de l’information. Le parc technologique de Bir El Djir, en périphérie d’Oran, accueille de nombreuses start-ups et entreprises high-tech.
Un carrefour culturel bouillonnant
Oran se distingue par sa vie culturelle effervescente, héritée de son histoire cosmopolite. La ville a vu naître ou grandir de nombreux artistes de renom, tels que :
- Yves Saint Laurent : le célèbre couturier y est né en 1936
- Albert Camus : l’écrivain y a vécu et y a situé son roman La Peste
- Cheikha Rimitti : pionnière du raï, elle a marqué la scène musicale oranaise
- Cheb Hasni : star du raï moderne, tragiquement assassiné en 1994
Le raï, fierté oranaise
Oran est indissociable du raï, ce genre musical né dans les années 1920-1930 dans les campagnes environnantes. D’abord musique populaire marginalisée, le raï a connu un essor fulgurant dans les années 1980-1990, devenant un phénomène international. Des artistes comme Khaled, Cheb Mami ou Faudel ont porté haut les couleurs de ce style typiquement oranais.
Le raï se caractérise par :
- Des paroles directes abordant des thèmes tabous (amour, sexualité, alcool)
- Un mélange de sonorités traditionnelles et modernes
- Une expressivité vocale particulière
- Un rythme entraînant propice à la danse
Bien que moins visible aujourd’hui, la scène raï reste active à Oran, avec de jeunes artistes qui perpétuent et font évoluer ce patrimoine musical unique.
Festivals et événements culturels
Oran accueille tout au long de l’année de nombreux festivals et manifestations culturelles, parmi lesquels :
| Événement | Description | Période |
|---|---|---|
| Festival international du film arabe | Rendez-vous majeur du cinéma arabe | Décembre |
| Festival de la chanson oranaise | Célébration de la musique locale | Août |
| Salon international du livre | Rencontres littéraires et expositions | Septembre |
| Festival du raï | Concerts et hommages aux grands noms du raï | Juillet |
Ces événements contribuent au rayonnement culturel d’Oran et attirent de nombreux visiteurs algériens et étrangers.
Un patrimoine architectural remarquable
L’architecture d’Oran témoigne de son histoire mouvementée et de ses multiples influences. La ville recèle de véritables trésors architecturaux, malheureusement parfois menacés par le manque d’entretien ou la spéculation immobilière.
Le quartier de Sidi El Houari : berceau historique
Ce quartier situé au pied du Murdjajo constitue le cœur historique d’Oran. On y trouve notamment :
- La mosquée du Pacha (1796) : joyau de l’architecture ottomane
- Le palais du Bey (18e siècle) : ancienne résidence des gouverneurs turcs
- Les bains turcs (hammam) : témoins de la vie quotidienne à l’époque ottomane
- L’hôpital militaire (19e siècle) : imposant bâtiment de style néo-mauresque
Sidi El Houari fait l’objet d’un ambitieux projet de réhabilitation visant à préserver et mettre en valeur ce patrimoine unique.
Les fortifications espagnoles
La longue présence espagnole a doté Oran d’un impressionnant système défensif, dont subsistent plusieurs éléments remarquables :
- Le fort de Santa Cruz : perché à 400 mètres d’altitude, il offre une vue imprenable sur la baie
- Le fort de Santiago : situé sur le flanc du Murdjajo, il protégeait l’accès à la ville
- Le Château-Neuf (Rosalcazar) : ancienne résidence des gouverneurs espagnols
- La Porte d’Espagne : vestige des remparts qui ceinturaient la ville
Ces fortifications témoignent de l’importance stratégique d’Oran à l’époque moderne et constituent aujourd’hui des attractions touristiques majeures.
L’héritage colonial français
La période française (1831-1962) a profondément marqué le paysage urbain oranais. Le centre-ville actuel date essentiellement de cette époque et présente un bel ensemble architectural de style haussmannien et Art déco. Parmi les bâtiments emblématiques :
- La Préfecture : imposant édifice néo-classique (1886)
- Le Théâtre régional : chef d’œuvre de l’architecture théâtrale (1907)
- La Chambre de commerce : élégant bâtiment Art nouveau (1908)
- La Cathédrale du Sacré-Cœur : remarquable exemple de style néo-byzantin (1913)
Ces constructions témoignent de la volonté des autorités coloniales de faire d’Oran une vitrine de la « modernité » française en Algérie.
Une gastronomie aux multiples saveurs
La cuisine oranaise reflète la diversité culturelle de la ville. Elle puise ses influences dans les traditions culinaires berbères, arabes, turques, espagnoles et françaises. Riche en saveurs méditerranéennes, elle se caractérise par l’utilisation généreuse d’huile d’olive, d’épices et d’herbes aromatiques.
Les spécialités incontournables
| Plat | Description |
|---|---|
| Karantika | Galette à base de farine de pois chiches, spécialité typiquement oranaise |
| Cachir | Saucisson fumé d’origine juive, très populaire à Oran |
| Mouna | Brioche parfumée à l’anis et à l’eau de fleur d’oranger |
| Couscous au poisson | Version maritime du plat national algérien |
| Chakhchoukha | Ragoût de viande servi avec des morceaux de galette |
Les amateurs de pâtisseries ne sont pas en reste, avec des douceurs comme les makrout (gâteaux aux dattes), les griwech (beignets au miel) ou encore les délicieux ktayef (crêpes fourrées aux amandes).
Les marchés et souks
Pour goûter à l’authenticité de la cuisine oranaise, rien ne vaut une visite des marchés locaux. Parmi les plus réputés :
- Le marché de Médina Jdida : véritable institution, il regorge de produits frais et d’épices
- Le marché aux poissons du port : pour déguster les meilleurs fruits de mer
- Le souk El Kettane : ambiance traditionnelle et produits artisanaux
Ces lieux animés permettent de s’imprégner de l’atmosphère unique d’Oran et de découvrir les saveurs locales.
Un cadre naturel exceptionnel
Oran bénéficie d’une situation géographique privilégiée, entre mer et montagne. Son littoral offre de magnifiques plages de sable fin, tandis que l’arrière-pays recèle des paysages variés et préservés.
Les plus belles plages
La côte oranaise s’étend sur plusieurs dizaines de kilomètres et abrite de nombreuses criques et plages de toute beauté. Parmi les plus appréciées :
- Plage de Madagh : eaux cristallines et cadre sauvage
- Les Andalouses : longue plage de sable fin, très fréquentée en été
- Corales : idéale pour la plongée et le snorkeling
- Cap Blanc : falaises spectaculaires et eaux turquoise
Ces plages attirent de nombreux estivants, algériens comme étrangers, en quête de détente et de baignade.
Le massif du Murdjajo
Cette chaîne montagneuse qui domine Oran offre de superbes panoramas sur la ville et la mer. Le Murdjajo culmine à 429 mètres d’altitude et abrite une faune et une flore diversifiées. C’est un lieu prisé des randonneurs et des amateurs de nature.
Au sommet se dresse le fort de Santa Cruz, accessible par un téléphérique pittoresque. La vue depuis l’esplanade du fort est tout simplement époustouflante.