Perchée sur un promontoire rocheux et entourée de gorges spectaculaires, Constantine fascine par sa beauté et son riche passé. Troisième plus grande ville d’Algérie, elle allie harmonieusement modernité et héritage millénaire. Surnommée la « ville des ponts suspendus », Constantine dévoile ses trésors architecturaux et culturels au fil de ses ruelles tortueuses. Plongeons au cœur de cette cité unique qui ne cesse d’émerveiller les visiteurs depuis plus de 2000 ans.
Une histoire glorieuse remontant à l’Antiquité
L’histoire de Constantine débute il y a plus de 3000 ans. La ville connaît son apogée à l’époque numide puis romaine, avant de traverser les siècles sous diverses dominations.
Des origines phéniciennes à la capitale numide
Les premières traces d’occupation du site remontent au VIe siècle avant J.-C., avec une présence phénicienne attestée. La cité prend véritablement son essor au IIIe siècle av. J.-C. lorsqu’elle devient la capitale du royaume numide sous le nom de Cirta. Le roi Massinissa en fait le centre politique et culturel de son État. La ville connaît alors une période faste, s’embellissant de monuments et accueillant une population cosmopolite.
L’époque romaine et la reconstruction par Constantin
Après la chute du royaume numide, Cirta passe sous domination romaine en 46 av. J.-C. Elle devient le chef-lieu d’une confédération de cités appelée Respublica Quattuor Coloniarum Cirtensium. La ville est détruite en 311 lors d’une guerre civile opposant l’usurpateur Domitius Alexander à l’empereur Maxence. C’est l’empereur Constantin Ier qui la reconstruit en 313, lui donnant son nom actuel. Constantine demeure une cité importante de l’Afrique romaine jusqu’à la fin de l’Antiquité.
Les périodes médiévale et ottomane
Après la conquête arabe au VIIe siècle, Constantine s’intègre pleinement au monde musulman. Elle passe successivement sous la domination des Aghlabides, Fatimides, Zirides et Hammadides. Au XVIe siècle, la ville devient le siège du beylik de l’Est sous l’autorité de la Régence d’Alger. Cette période ottomane marque profondément l’urbanisme et l’architecture de Constantine.
Période | Nom de la ville | Statut |
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IIIe-Ier siècle av. J.-C. | Cirta | Capitale du royaume numide |
46 av. J.-C. – 311 | Cirta | Cité romaine |
313 – VIIe siècle | Constantine | Cité romaine puis byzantine |
VIIe – XVIe siècle | Qusantina | Cité arabo-musulmane |
XVIe – XIXe siècle | Constantine | Capitale du beylik de l’Est |
La conquête française et l’indépendance algérienne
Constantine résiste farouchement à la conquête française. La ville n’est prise qu’en 1837, après deux sièges meurtriers. Durant la période coloniale, elle demeure un foyer important du nationalisme algérien. Lors de la guerre d’indépendance, Constantine est intégrée à la wilaya II (Constantinois) par le FLN. Après 1962, elle devient le chef-lieu d’une nouvelle wilaya et s’affirme comme la métropole de l’Est algérien.
Un site naturel exceptionnel
La topographie unique de Constantine lui confère un charme inégalé. La ville ancienne s’élève sur un éperon rocheux cerné de gorges profondes, offrant des panoramas à couper le souffle.
Le Rocher et les gorges du Rhummel
Le cœur historique de Constantine, appelé le Rocher, culmine à 649 mètres d’altitude. Ce plateau calcaire d’environ 40 hectares est délimité sur trois côtés par les spectaculaires gorges du Rhummel. Le fleuve a creusé un canyon atteignant par endroits 200 mètres de profondeur. Cette configuration naturelle a longtemps fait de Constantine une forteresse quasiment imprenable.
Un relief accidenté façonnant la ville
Au-delà du Rocher, Constantine s’étend sur un terrain vallonné parsemé de collines. Cette topographie complexe a fortement influencé le développement urbain. La ville s’est adaptée aux contraintes du relief, donnant naissance à un urbanisme original fait de quartiers étagés reliés par des escaliers et des ponts. Cette configuration offre de nombreux points de vue pittoresques sur la cité et ses environs.
Un microclimat méditerranéen d’altitude
Située à 80 km de la Méditerranée, Constantine bénéficie d’un climat tempéré influencé par l’altitude. Les étés sont chauds et secs, avec des températures pouvant dépasser 40°C. Les hivers sont frais et humides, avec des chutes de neige occasionnelles. Cette diversité climatique contribue au charme de la ville, qui offre des ambiances variées au fil des saisons.
Saison | Température moyenne | Précipitations |
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Printemps | 15°C | Modérées |
Été | 26°C | Faibles |
Automne | 18°C | Modérées |
Hiver | 8°C | Importantes |
Un patrimoine architectural d’une richesse exceptionnelle
Constantine recèle un trésor architectural témoignant de son glorieux passé. De l’Antiquité à l’époque coloniale, chaque période a laissé son empreinte dans la pierre.
Les vestiges antiques
Bien que largement recouverts par les constructions ultérieures, quelques vestiges rappellent le passé antique de Constantine :
- Le site punique d’El Hofra : situé au sud de la ville, il a livré près de 1000 stèles votives dédiées aux divinités carthaginoises Tanit et Baal Hammon.
- Les citernes romaines : plusieurs réservoirs d’eau datant de l’époque romaine subsistent, dont les impressionnantes citernes d’Ain el Bey.
- L’aqueduc romain : des portions de cet ouvrage monumental qui alimentait la ville en eau sont encore visibles.
- Le pont d’El-Kantara : bien que reconstruit à plusieurs reprises, ses fondations remontent à l’époque romaine.
Les joyaux de l’architecture islamique
La médina de Constantine abrite de remarquables édifices témoignant de l’époque musulmane :
- La Grande Mosquée : construite au XIIIe siècle sur les fondations d’une église byzantine, elle a été agrandie à l’époque ottomane.
- La mosquée Sidi Lakhdar : édifiée au XVIIIe siècle par le bey Salah, elle se distingue par son minaret octogonal.
- Le palais du Bey : chef-d’œuvre de l’architecture ottomane, ce vaste ensemble construit entre 1826 et 1835 abrite aujourd’hui un musée.
- Les medersas : plusieurs écoles coraniques médiévales subsistent, comme la medersa de Sidi El Kettani.
L’héritage de la période coloniale
L’occupation française a profondément modifié le paysage urbain de Constantine :
- Le théâtre régional : inauguré en 1883, cet élégant bâtiment de style néo-classique demeure un haut lieu culturel.
- La préfecture : construit en 1861, cet imposant édifice de style néo-mauresque symbolise le pouvoir colonial.
- Le monument aux morts : érigé en 1930, il offre un panorama exceptionnel sur la ville.
- Les immeubles haussmanniens : le centre-ville moderne est parsemé d’élégants bâtiments du XIXe siècle.
Les ponts, symboles de Constantine
Les ponts de Constantine, enjambant les gorges du Rhummel, sont l’emblème de la ville :
- Le pont Sidi M’Cid : construit en 1912, ce pont suspendu offre une vue vertigineuse sur les gorges.
- Le pont Sidi Rached : long de 447 mètres, cet ouvrage en pierre de 1912 est un chef-d’œuvre d’ingénierie.
- La passerelle Perrégaux : cette élégante passerelle piétonne de 1925 relie le Rocher au quartier de Sidi M’Cid.
- Le pont d’El-Kantara : reconstruit en 1863, il remplace un pont romain millénaire.
Une métropole dynamique en pleine mutation
Forte de son riche héritage, Constantine se projette résolument vers l’avenir. La ville connaît un développement rapide tout en préservant son identité unique.
Une croissance démographique et urbaine soutenue
Avec près de 450 000 habitants intra-muros et plus d’un million dans son aire urbaine, Constantine s’affirme comme la troisième ville d’Algérie. Sa population a plus que doublé depuis l’indépendance, entraînant une forte expansion urbaine. De nouveaux quartiers ont vu le jour sur les collines environnantes, comme la cité Zouaghi ou le quartier Djebel Ouahch. La ville nouvelle Ali Mendjeli, située à 15 km au sud-ouest, accueille désormais plus de 300 000 habitants.
Un pôle économique majeur
Constantine joue un rôle économique crucial dans l’Est algérien. Son tissu industriel est diversifié, avec notamment :
- Le complexe mécanique de Constantine : cette usine produit des tracteurs et des engins de travaux publics.
- La zone industrielle Palma : elle abrite de nombreuses entreprises dans les secteurs de l’agroalimentaire, du textile et de la chimie.
- Le technopôle de Djebel Ouahch : ce parc scientifique en développement vise à attirer des entreprises innovantes.
La ville est également un important centre commercial et de services pour toute la région.
Un pôle universitaire et culturel de premier plan
Constantine s’enorgueillit d’être l’une des principales villes universitaires d’Algérie. Elle compte quatre universités accueillant près de 100 000 étudiants :
- L’université Frères Mentouri : fondée en 1969, c’est la plus grande université de la ville.
- L’université Abdelhamid Mehri Constantine 2 : spécialisée dans les sciences humaines et sociales.
- L’université Salah Boubnider Constantine 3 : axée sur les sciences et technologies.
- L’université des sciences islamiques Emir Abdelkader : dédiée aux études islamiques.
La vie culturelle constantinoise est riche et variée. La ville abrite de nombreux musées, comme le musée national Cirta ou le musée des arts et traditions populaires. Elle accueille également des festivals renommés, dont le Festival international de jazz de Constantine.
Des infrastructures en plein développement
Constantine modernise ses infrastructures pour répondre aux besoins d’une métropole en pleine croissance :
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- Le tramway de Constantine : mis en service en 2013, il dessert les principaux quartiers de la ville.
- Le téléphérique urbain : deux lignes permettent de franchir les gorges du Rhummel.
- L’aéroport international Mohamed Boudiaf : modernisé en 2013, il relie Constantine aux principales villes algériennes et à l’étranger.
- Le viaduc TransRhumel : ce pont à haubans inauguré en 2014 facilite la circulation dans la ville.