Assemblée nationale : vers la criminalisation de la colonisation française
Le 24 décembre 2025 a marqué un tournant décisif dans la trajectoire historique de l’Algérie. L’Assemblée populaire nationale (APN) a adopté à l’unanimité une proposition de loi visant à criminaliser la colonisation française qui a duré de 1830 à 1962. Cette initiative ne se limite pas à un simple acte symbolique ; elle vise à établir une reconnaissance officielle des crimes coloniaux, tout en posant les bases d’une vérité historique claire et d’un dialogue constructif pour l’avenir. Alors que tant de temps s’est écoulé depuis la décolonisation, ce vote représente une réponse forte face aux non-dits et aux silences qui ont longtemps entouré cette période tumultueuse.
Le texte de loi, conçu en cinq chapitres comprenant 27 articles, s’appuie sur des principes fondamentaux du droit international qui affirment le droit des peuples à une justice historique et à la fin de l’impunité. Ce travail législatif ne se contente pas d’apporter des recommandations sur la mémoire historique; il prévoit également des conséquences juridiques pour ceux qui glorifient cette époque sombre de l’histoire algérienne.
La session plénière qui a eu lieu ce jour-là a été présidée par M. Brahim Boughali, président de l’APN, en présence de la ministre des Relations avec le Parlement, Mme Nadjiba Djilali, et d’autres membres du gouvernement. Ces figures politiques démontrent l’ampleur de l’engagement institutionnel derrière cette initiative. Cette mobilisation souligne la volonté du gouvernement algérien de tourner la page sur une période marquée par des atrocités sans précédent et de prôner une réparation pour les injustices passées.
Les dispositions de la loi incluent des mesures obligeant l’État français à reconnaître et à présenter des excuses officielles pour les crimes commis durant la colonisation. Cette demande d’excuses est considérée comme un préalable à toute volonté de réconciliation et de préservation de la mémoire nationale.
Il est intéressant de noter que cette proposition n’est pas sans précédent dans le monde. D’autres pays ayant subi des périodes de colonisation ont également œuvré pour la reconnaissance de leurs injustices historiques. Des exemples comme l’Afrique du Sud avec l’Apartheid ou encore les nations autochtones des États-Unis soulignent l’importance de ce processus par rapport à la justice réparatrice. L’Algérie, de manière unique, cherche à prendre des mesures systématiques pour capituler les blessures historiques à travers ce vote législatif.
Détails de la proposition de loi
La proposition de loi adoptée est profondément articulée autour de principes juridiques qui intègrent la notion de justice historique. Concrètement, elle comprend des articles définissant la responsabilité de l’État français dans les crimes coloniaux et les symptômes durables de cette période. En outre, il est essentiel de considérer les implications de cette loi non seulement pour l’Algérie, mais également dans le cadre des relations franco-algériennes contemporaines.
Le premier chapitre de la loi aborde la reconnaissance des droits des victimes des atrocités coloniales en Algérie. Il est particulièrement significatif que cette dimension du texte invite à redéfinir les narratives historiques autour de la colonisation, préconisant une perspective plus inclusive et critique.
Un des aspects les plus notables de cette loi est son approche de la glorification de la colonisation. À travers les dispositions pénales établies, le texte vise à sanctionner toute personne décidant de célébrer ou de justifier la colonisation française. Cette prohibition se veut un outil préventif contre la diffusion de discours révisionnistes qui pourraient nuire aux efforts de construction d’une identité algérienne post-coloniale.
- Reconnaissance des droits des victimes
- Établissement de la responsabilité de l’État français
- Réparation historique et politique
- Interdiction de glorification de la colonisation
Contexte historique et nécessité politique
Ce texte législatif est issu d’un long processus de réflexion politique en Algérie. La mémoire des luttes passées, marquées par des événements tragiques comme le massacre de Sétif en 1945 ou les tortures durant la guerre d’Algérie, reste profondément ancrée dans l’esprit collectif. De fait, la nécessité d’une réécriture et d’une reconnaissance de l’histoire devient impérative non seulement pour les générations présentes, mais également pour celles à venir.
Les témoignages variés des survivants et des descendants de victimes coloniales renforcent les appels à la justice. Les discours de personnalités comme le ministre des Moudjahidine, qui a affirmé que les atrocités commises par la France coloniale « resteront inoubliables et imprescriptibles », echoent le sentiment national face à l’exigence de reconnaissance historique.
Chaque article de cette loi soulève des interrogations sur l’efficacité des réparations à apporter. Les pays du monde entier s’engagent sur le chemin du pardon et de la réconciliation, mais il est crucial que ces processus soient ancrés dans des vérités solides et des réparations sincères. Ainsi, l’Algérie, forte de son passé colonial, se positionne pour devenir une référence en matière de réconciliation postcoloniale.
Pour illustrer cette situation, il est utile de considérer les débats passés au sein de l’APN, souvent teintés de conflits idéologiques entre les différentes tendances politiques. En 2025, ce consensus apparu autour de la criminalisation de la colonisation témoigne d’une volonté de dépasser les clivages et de rejoindre une voie commune vers la reconnaissance des souffrances vécues sous la colonisation.
Implications nationales et internationales
Ce vote à l’APN n’est pas seulement un acte de justice pour les Algériens, il pose aussi la question des relations entre l’Algérie et la France aujourd’hui. Si le soutien populaire pour cette loi semble fort en Algérie, les implications diplomatiques pourraient être plus complexes. La France, après des décennies de relations tumultueuses, doit maintenant reévaluer sa position face à ce changement de paradigme juridique et historique.
Pour nombre d’Algériens, cette loi résonne comme un appel à la prise de conscience des souffrances passées. Cela encourage un mouvement vers la reconnaissance des crimes coloniaux sur le plan international. Le débat public autour de la colonisation française prend une nouvelle dimension, invitant à une réflexion plus large sur les droits humains et la dignité des peuples colonisés.
La proposition de loi ouvre également la voie à de possibles discussions plus larges sur les réparations. Des nations du monde entier, confrontées à la nécessité d’apporter justice et reconnaissance à leurs peuples, observaient d’un œil attentif cette évolution. Les précédents établis par cette loi pourraient influencer d’autres luttes pour des réparations similaires.
| Contexte | Actions proposées | Objectifs |
|---|---|---|
| Atrocités coloniales | Reconnaissance des victimes | Pérenniser la mémoire nationale |
| Glorification de la colonisation | Sanctions pénales | Prévenir les discours révisionnistes |
| Réparations manquantes | Demande d’excuses officielles | Construire une identité de réconciliation |
Le passage à une loi de criminalisation de la colonisation française en Algérie est un jalon important dans la quête d’une mémoire historique partagée. À travers cette initiative, l’Algérie espère que les injustices du passé seront non seulement reconnues, mais que des dialogues constructifs pourront être initiés, mettant ainsi en lumière la nécessité d’une coexistence pacifique entre les nations. Cette dynamique pourrait, à long terme, ouvrir des portes vers une réconciliation authentique et durable.
